Grâces présidentielles : une histoire de clémence exécutive
Les présidents des États-Unis détiennent le pouvoir exclusif d’accorder des grâces pour les crimes fédéraux. Ce pouvoir a été utilisé tout au long de l’histoire pour effacer les casiers judiciaires d’Américains de tous horizons, y compris de personnalités célèbres comme Richard Nixon et Patty Hearst.
Premières grâces et controverses
L’une des premières grâces controversées a été accordée par le président Andrew Jackson à George Wilson, qui avait été reconnu coupable de vol de courrier et condamné à mort. Wilson a refusé la grâce, ce qui a conduit à une décision de la Cour suprême selon laquelle une grâce ne peut être imposée à un citoyen sans son acceptation.
Une autre grâce notable concernait Daniel Drayton et Edward Sayres, qui ont été reconnus coupables d’avoir aidé des esclaves à s’échapper du navire « Pearl ». Le président Millard Fillmore les a graciés après qu’ils ont purgé quatre ans de leur peine.
Grâces pendant la guerre de Sécession
Pendant la guerre de Sécession, le président James Buchanan a gracié Brigham Young et d’autres dirigeants mormons pour leur rôle dans la « guerre mormone » en Utah. Le président Andrew Johnson a ensuite accordé une grâce collective à Jefferson Davis et à d’autres responsables confédérés. Cependant, Davis a refusé de se repentir et ce n’est qu’en 1978 que le président Jimmy Carter lui a accordé une grâce posthume.
Grâces au XXe siècle
Le président Gerald Ford a gracié Iva Toguri D’Aquino, qui avait été reconnue coupable de trahison pour son rôle de « Tokyo Rose » pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit du seul cas où une personne reconnue coupable de trahison a bénéficié d’une grâce totale.
Le président Ronald Reagan a gracié George Steinbrenner, propriétaire des Yankees de New York, pour son implication dans le financement illégal de campagnes lors de la campagne de réélection de Nixon. Cette grâce a suscité de nombreuses critiques.
Grâces contemporaines
En 2001, le président George W. Bush a gracié Isaac Toussie pour fraude postale et utilisation de faux documents. Cependant, cette grâce a été annulée un jour plus tard lorsqu’il a été découvert que le père de Toussie avait fait un don aux républicains.
Le président Bill Clinton a gracié Patty Hearst lors de son dernier jour de mandat. Hearst avait été reconnue coupable de vol de banque après avoir été kidnappée par l’Armée de libération symbionaise.
Le massacre de My Lai et l’intervention présidentielle
Un cas notable où la grâce n’a pas été accordée est celui du massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam. Le lieutenant William Calley a été reconnu coupable du meurtre de civils, mais le président Nixon ne l’a pas gracié. Au lieu de cela, il est intervenu pour permettre à Calley de purger sa peine en résidence surveillée.
Importance historique
Les grâces présidentielles ont joué un rôle important dans l’histoire américaine. Elles ont été utilisées pour :
- Effacer les casiers judiciaires de ceux qui ont commis des erreurs
- Promouvoir l’unité et la réconciliation après des périodes de conflit
- Remédier aux injustices perçues dans le système de justice pénale
Le pouvoir de grâce présidentielle reste une question controversée, mais c’est un aspect fondamental du pouvoir exécutif qui a été exercé tout au long de l’histoire du pays.