La danse du ventre à Istanbul : un voyage à travers la culture et l’identité
Histoire de la danse zenne
La danse zenne, une tradition séculaire en Turquie, est née dans l’Empire ottoman lorsque les femmes se sont vues interdire de se produire sur scène. De jeunes hommes, principalement issus de communautés non musulmanes, étaient formés comme danseurs et adoptaient des tenues et un maquillage androgynes ou féminins. Ils jouaient des rôles féminins et se produisaient à la cour du sultan, travaillant souvent comme courtisans rémunérés.
Dans la société ottomane traditionnelle, les concepts de « gay » et « hétérosexuel » étaient fluides, et la sexualité était davantage définie par le statut et le rôle sexuel. Les danseurs zenne étaient censés incarner un rôle sexuel et social « féminin », quelle que soit leur orientation personnelle.
La danse zenne dans la Turquie moderne
Après la chute de l’Empire ottoman, la danse zenne est tombée en désuétude alors que la Turquie adoptait l’occidentalisation. Elle a survécu en grande partie dans les zones rurales, représentée pour des publics masculins hétérosexuels et sans l’élément sexuel de son homologue ottoman.
Cependant, au cours de la dernière demi-décennie, la danse zenne a connu un regain de popularité à Istanbul. Cette renaissance a été alimentée par l’attention des médias, le succès de clubs gays comme Chanta et un changement des attitudes culturelles à l’égard de l’homosexualité.
Les danseurs zenne : naviguer dans les normes culturelles
Les danseurs zenne comme Segah ont bénéficié de la popularité croissante de cette forme d’art. Segah se produit tous les soirs au Chanta, s’adressant à une clientèle majoritairement hétérosexuelle et féminine. Cependant, il a rencontré une certaine résistance de la part de sa famille, qui a d’abord désapprouvé son choix de carrière en raison de son association avec le travestissement.
Malgré ces défis, Segah est fier de faire sortir les membres du public de leur zone de confort. Il exécute les mêmes mouvements que les danseuses du ventre, créant une « confusion des genres » qui choque et ravit son public.
Les défis auxquels sont confrontés les danseurs zenne
Malgré les progrès des droits LGBTQ+ en Turquie, l’homophobie reste un problème majeur. Les danseurs zenne sont victimes de discrimination et de harcèlement, et l’armée turque considère les hommes homosexuels exemptés du service militaire obligatoire pour des raisons de maladie mentale.
La montée de l’islamisme au sein du gouvernement turc a également ralenti les progrès des droits LGBT. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a publiquement condamné l’homosexualité, et l’armée continue de soumettre les hommes homosexuels à des examens dégradants pour « prouver » leur orientation.
Conclusion
La danse zenne est une forme d’art vibrante et évolutive qui reflète le paysage culturel changeant de la Turquie. Elle défie les normes traditionnelles de genre et offre une plateforme d’expression LGBTQ+. Malgré les défis auxquels ils sont confrontés, les danseurs zenne comme Segah continuent de repousser les limites et de célébrer leur identité unique.