Les marins japonais et les courants de l’histoire
Le courant noir : la porte d’entrée du Japon vers les Amériques
Le courant noir de l’océan Pacifique, connu sous le nom de Kuroshio, a joué un rôle central dans la migration des peuples et des cultures à travers la vaste étendue du Pacifique. Pendant des siècles, le courant a entraîné les marins et les bateaux de pêche japonais vers les côtes des Amériques, laissant une marque indélébile sur l’histoire et les cultures des deux continents.
Anciens voyageurs japonais
Il y a environ 6 300 ans, une éruption volcanique cataclysmique sur l’île de Kikai, dans le sud du Japon, a forcé le peuple indigène Jomon à chercher de nouvelles terres. Poussés par le courant noir, ils se sont lancés dans un périlleux voyage à travers le Pacifique, atteignant finalement les côtes de l’Équateur, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Nord.
Des preuves de cette ancienne migration japonaise peuvent être trouvées dans des tessons de poterie, de l’ADN et des virus découverts dans des sites archéologiques à travers les Amériques. Ces artefacts suggèrent que le peuple Jomon a apporté avec lui des technologies et des pratiques culturelles avancées, qui ont influencé le développement des sociétés indigènes.
Naufragés japonais à Hawaï
Tout au long de l’histoire, des navires japonais ont été déroutés par le courant noir, entraînant de nombreux naufrages et naufragés. L’un des incidents les plus connus s’est produit vers 1260 de notre ère, lorsqu’une jonque japonaise a dérivé jusqu’à Maui, à Hawaï.
Les survivants de ce naufrage ont été accueillis par le chef local, Wakalana, et leurs descendants se sont finalement mariés avec la royauté hawaïenne. Cela a conduit à l’introduction d’éléments culturels japonais dans la société hawaïenne, notamment la poterie, le filage de la soie et le travail des métaux.
Influence japonaise en Amérique du Nord
Les naufragés japonais ont également joué un rôle dans le développement des cultures amérindiennes sur le continent. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des artefacts japonais en Oregon, à Washington et au Nouveau-Mexique. Ces découvertes suggèrent que les marins et les pêcheurs japonais ont touché terre en Amérique du Nord et ont interagi avec les populations indigènes.
Au XIVe siècle, on pense qu’un groupe de naufragés japonais a fondé la nation Zuni au Nouveau-Mexique. Le peuple Zuni possède des traits culturels uniques qui les distinguent des autres tribus pueblo, ce qui étaye la théorie de l’influence japonaise.
Les Hyōryō : marins japonais à la dérive
Au fil des siècles, des centaines de navires japonais ont dérivé à travers le Pacifique, poussés par le courant noir. Ces navires, connus sous le nom de hyōryō, transportaient souvent des équipages d’artisans, d’artistes et de commerçants qualifiés.
Dans de nombreux cas, les hyōryō ont survécu à leurs dangereux voyages et ont atteint la terre ferme. Ils ont établi de nouvelles communautés, se sont mariés avec les populations locales et ont introduit les technologies et les coutumes japonaises dans les Amériques.
Le Tokujo Maru et l’ouverture du Japon
En 1813, la jonque japonaise Tokujo Maru a été emportée par le courant noir et a dérivé pendant plus de 500 jours. Les survivants ont finalement été secourus par un navire américain et sont retournés au Japon.
Le capitaine du Tokujo Maru, Jukichi, a tenu un journal secret de ses voyages, qui a fourni de précieuses informations sur la société et la culture japonaises. Ce journal a influencé les érudits japonais et a ouvert la voie à l’expédition du commodore Matthew Perry au Japon en 1854, qui a finalement conduit à l’ouverture du Japon au commerce et à la diplomatie étrangers.
L’héritage du courant noir
Le courant noir a été une force puissante dans le façonnement de l’histoire et des cultures du bassin du Pacifique. Il a transporté des marins, des pêcheurs et des naufragés japonais sur de vastes distances, entraînant des échanges d’idées, de technologies et de pratiques culturelles entre le Japon et les Amériques.
Les preuves de l’ancienne migration japonaise et l’influence continue des naufragés japonais dans les Amériques offrent un aperçu fascinant de l’interconnexion de l’histoire humaine et du pouvoir durable des courants océaniques.