Gourdes anciennes : un secret toxique ?
Une étude sur les méthodes autochtones de fabrication de bouteilles révèle des risques potentiels pour la santé
Il y a des milliers d’années, les populations autochtones des îles anglo-normandes de Californie fabriquaient d’ingénieuses bouteilles à eau à partir de joncs enduits de bitume, une substance pétrolière naturelle. Bien que ces récipients anciens aient bien rempli leur fonction, une étude récente a mis en lumière un danger potentiel pour la santé associé à leur production.
Bitume et produits chimiques toxiques
Le bitume, qui suinte des sources sous-marines vers les îles anglo-normandes, contient des produits chimiques toxiques appelés hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces produits chimiques sont liés à divers problèmes de santé, notamment le cancer, lorsqu’ils sont inhalés ou ingérés.
Recréation de la technique ancienne
Des chercheurs de l’Université de Californie se sont lancés dans un projet visant à recréer l’ancien processus de fabrication de bouteilles, en utilisant des preuves archéologiques et des documents ethnographiques. Ils ont suivi méticuleusement les techniques employées par les Chumash, une population autochtone qui habitait les îles.
Mesure de l’exposition aux HAP
Au moyen de la spectrométrie de masse, les chercheurs ont mesuré les polluants libérés dans l’air pendant le processus de fonte du bitume. Ils ont également rempli les bouteilles terminées avec de l’eau et de l’huile d’olive pour évaluer les infiltrations chimiques au fil du temps.
Résultats : problèmes de pollution de l’air
Bien que les concentrations de HAP dans l’eau et l’huile n’étaient pas suffisamment élevées pour présenter des risques immédiats pour la santé, les niveaux dans l’air dépassaient les limites de sécurité fixées par l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Les personnes se tenant au-dessus du bitume en fusion auraient inhalé des concentrations de HAP comparables à celles présentes dans la fumée de cigarette.
Impact sur la santé
L’étude suggère que l’exposition aux HAP due à la fonte du bitume pourrait avoir contribué au déclin de la santé des Chumash. On a constaté que les Chumash présentaient des lésions squelettiques, une mauvaise santé dentaire et une diminution de la taille de la tête, à partir d’il y a environ 5 000 ans.
Limites et recherches futures
L’étude s’est concentrée sur l’exposition des adultes aux HAP, mais les jeunes enfants sont plus sensibles à leurs effets nocifs. Des recherches futures pourraient étudier les niveaux d’exposition au début de la vie. En outre, les chercheurs reconnaissent que l’exposition aux HAP n’est qu’un facteur potentiel dans le déclin de la santé des Chumash.
Importance pour la santé moderne
Malgré les limites, l’étude souligne les parallèles possibles entre les problèmes de santé anciens et modernes. L’exposition aux HAP est aujourd’hui une préoccupation environnementale majeure, car elle est associée à la pollution de l’air, à l’asphalte et à la fumée de cigarette.
Leçons anciennes pour les temps modernes
En étudiant les effets sur la santé des pratiques anciennes, telles que les bouteilles à eau revêtues de bitume, nous pouvons obtenir des informations sur l’impact à long terme des toxines environnementales sur la santé humaine. Ces connaissances peuvent nous aider à mieux comprendre et atténuer les risques pour la santé posés par les polluants modernes.